En visite chez petit Deng
En Chine, dès qu'un de nos vénérables dictateurs socialistes met un pied dans la tombe, on retape sa demeure familiale pour en faire le modèle stéréotype du véritable petit prolétaire, image si cher au cœur de notre grand Parti. C'est une constante. Tout le monde y passe. Mao Zedong et sa petite ferme de Shaoshan dans le Hunan, Deng Xiaoping et sa modeste demeure de Guang'an dans le Sichuan, Jiang Zemin et sa pauvre cabane de Yangzhou dans le Jiangsu...
Faut pas croire mais ce genre de bêtises ça attire les masses. Et puis c’est formateur pour les enfants : « tu vois mon fils, regarde les conditions misérables dans lesquels vivait celui qui est devenu président, prends en d’la graine et te chie pas dans tes études ». On fait des folies architecturales en construisant un beau musée moderne à coté de la maison et on y entasse tout ce qui a appartenu à feu le président.
Tout ça pour dire que vous allez avoir droit à la maison de Deng Xiaoping. Concrètement Deng Xiaoping fut le successeur de Mao, ce ne fut pas un mauvais président, loin de la. C’est lui qui a réparé la plupart des bêtises de Mao. Enfin bon je l’aime bien le petit Deng.
On y trouve des choses intéressantes. Il faut savoir que Deng Xiaoping est venu étudier dans notre bel hexagone. Comme il n’était pas très motivé par les études, il a fini par aller bosser à l’usine. Eh ouais, on est communiste ou on l’est pas.
J’aime beaucoup cette phrase qui résume assez bien l’ambiance qu’on trouve pendant ce genre de visites « il avait déjà profondément expérimenté la dureté de la vie et était complètement aware sur la cruauté de l’exploitation capitaliste, et il commença à étudier le marxisme. » Prend toi ça dans les dents Oncle Sam !
Ici c’est la maison de Deng. C’est grand quand même.
Bon je vais pas vous faire la liste de tous les objets préhistoriques qu’on trouve ici. Pour exemple voici la table. Ca me fait marrer parce qu’on a la même dans le salon (véridique).
Mais ce que j’aime le plus dans ce genre de sanctuaires, c’est cette bonne humeur et cette joie communiste qui émane de toutes les personnes présentes. Tout le monde a l’air heureux et fier de faire parti de cette grande fraternité qu’est la Chine. C’est délicieusement faux-cul. J’adore ! On pourrais passer la journée à écouter l’hymne nationale chanté par une classe d’enfants sages et filmé en direct live par Sichuan TV. Que d’émotions mes amis !
Mais la palme de l’émotion revient sans conteste à la Castafiore locale. C’est la beauté du play-back sans l’artifice. Une petite musique nasillarde sortant d’un minuscule poste de radio made in Taï… pardon China et cette femme toute pleine de paillettes accompagnant la musique de ses cris silencieux et agitant ses bras dans tous les sens comme si elle voulait faire fuir les moucherons capitalistes. Le tout face à un lac plein de lotus fleuris. Moi je dis, quand on a vu ça une fois dans sa vie, on réalise combien le monde est beau et bien fait !